Nous voici au mois des épilobes. Le potager tient ses promesses et moi, mes batailles.
Les altises ont fréquenté les verdures, les doryphores ont séjourné dans les belles feuilles des pommes de terre, la teigne du poireau a dévasté une grande partie de l’ail et des oignons non protégés, les marmottes se sont régalées avec les petits pois verts avant d’être attrapées et dirigées vers un autre territoire, les tamias ont grignoté beaucoup de petites fraises, certains oiseaux ont picoré les grosses, les fourmis ont attaqué les haricots, les chenilles ont dévoré les camerises et les limaces, quant à elles, s’attroupent sur le gazon le soir venu avant de se diriger partout, partout et encore partout. De plus, toutes les croquées qu’elles avalent corrompent la beauté du jardin et déshonorent mes lèvres qui s’exclament dans un vocabulaire étoffé. Bon nombre de locataires du potager grandissent sous filet, histoire de protéger les carottes de la mouche de la carotte et les autres des grignotages des affamés à poils qui sont loin de penser à la diète. Chaque année, c’est la même chose. Après les semis et un temps d’attente, la fierté s’empare du reste, jusqu’à ce les visiteurs, fidèles à leurs papilles, s’amènent dans mon jardin sans s’annoncer.
Il y a aussi la pluie qui, un peu trop souvent à mon goût, a victoire sur le soleil. Les gouttes sont certes une façon saine d’allaiter les enfants verts, mais la serre ne voit pas les choses du même œil. L’humidité cause des maladies sur le feuillage des tomates et de plus, le manque de lumière retarde la formation des fruits. Et les orages de s’amener souvent au bras du vent et d’humilier les plus grands en les agenouillant et de leur donner quelques giflées sur le chignon.
Oui, la loi de la nature tasse épisodiquement le mot « acceptation » et ensemence parfois un défilé de mots qui grafignent l’oreille, mais après un défoulement, je m’aperçois que le partage se fait malgré tout et que mon potager raconte de succulentes histoires dans ma bouche gourmande.
Le jardinage prouve qu’on est des combatifs non violents.